Témoins de Saint François à Dubaï

« Participer à la création d’un monde nouveau !  – Connecter les esprits pour construire l’avenir » C’est avec ce slogan que nous avons été accueillis sur le site de l’Exposition Universelle 2020 aux Émirats Arabes Unis. Un complexe gigantesque, à la périphérie de Dubaï, reçoit le monde entier qui s’est donné rendez-vous pour ce moment impressionnant de l’histoire de l’humanité. Cette édition propose les thèmes de l’écologie et de la coopération comme des opportunités pour un avenir meilleur. La plupart des pays sont fiers de présenter aux visiteurs leurs innovations technologiques et leurs propositions en matière de durabilité ou bien tout simplement ce qui, devant l’œil curieux de nos hôtes, incarne, leur fierté nationale. 

En tant qu’État, le Saint Siège est aussi invité à participer à cet événement. Un petit espace sera aménagé pour évoquer le thème de la fraternité. La visite du pape François aux Émirats et la présentation du document sur la Fraternité Humaine à Abu Dhabi en février 2019 reste très vive dans la mémoire de la plupart des locaux. Le pavillon du Vatican veut donner une suite à l’événement historique, ici même aux Émirats Arabes Unis. Une vraie mission pour construire des relations de fraternité et de bienveillance si nécessaires aujourd’hui : des ponts, tels que Saint François les avait lui-même bâtis lors de sa rencontre avec le Sultan al-Malik al-Kamil en 1219. Ce même fait, célébré dans son huitième centenaire, inspira la visite du pape François aux Émirats.

Le Saint Siège avait ainsi sollicité la collaboration des frères franciscains de la basilique d’Assise pour la préparation et le déroulement de l’Exposition Universelle. Dans ce ce but, par la suite, sera organisée une permanence de frères aidés par de jeunes volontaires pour la durée de l’Exposition. Leur intention était de se mettre à disposition des visiteurs pour une réflexion approfondie sur la fraternité. 

En rappelant visuellement la rencontre avec le Sultan telle que Giotto l’avait représentée, Saint François devient le guide des visiteurs et éclaire, des siècles après, la mission de l’Église et du Pape François aujourd’hui. Cette disponibilité d’accueil et de dialogue a donné l’occasion pour de nombreuses rencontres extraordinaires.

 

Car au-delà d’une découverte rapide du pavillon, nombreux étaient ceux et celles qui étaient intéressés par un dialogue profond sur le sujet de la fraternité. Avec grande joie, nous avons accueilli des chrétiens qui habitent ce pays et vivent avec courage et persévérance leur foi, malgré leurs situations sociale ou professionnelle souvent difficiles. Ils étaient heureux, eux aussi, de découvrir cette présence familiale, de nous confier leurs intentions de prière, ou même de demander la confession et la possibilité de participer à notre prière.

Des habitants locaux, ou des chinois, saoudiens, pakistanais etc. avec qui ordinairement un échange reste peu probable, s’ouvraient à un dialogue attentif et bienveillant. Nous avons reconnu ici l’intercession de Saint François qui voulait que ses frères agissent ainsi s’ils se trouvaient parmi les infidèles. Le premier défi était de faire tomber certains préjugés et de découvrir que, bien que différentes, nous partagions de communes aspirations et que nous unissait quelque part une solidarité non pas simplement possible, mais nécessaire pour la survie de l’humanité.  

Ailleurs dans l’Exposition, nous respirions l’air d’une confiance absolue dans la technologie ? : « La technique nous aidera à transformer notre monde, éradiquer la pauvreté, les divisions, la souffrance et la dégradation de la terre ». Mais honnêtement – et cela était une des nos fréquentes questions – vous croyez que cela suffit ? Car la technologie en ellemême ne suffit pas. Bien pire, elle peut véhiculer du mal, augmenter les divisions, aggraver les guerres. Et cela, nous le constatons de nos propres yeux et pas très loin, non plus : le Moyen Orient est un triste exemple de souffrances prolongées, de violences et de persécutions. Aujourd’hui tout près de nous  l’Ukraine témoigne de cette douloureuse réalité. Alors nous comprenions la raison pour laquelle la Providence nous a envoyés ici : deux frères ont a rappeler l’exigence incontournable de la fraternité et l’évocation explicite d’une recherche toujours plus profonde de paternité, avec un cœur ouvert et humble, disponible à la conversion. L’ambition seule de l’homme, si visible autour et dans cette ville qui rappelle la Babel d’autrefois, demeure éphémère et le bien-être qu’elle représente, volatil.

Comment suis-je revenu en France après un mois de mission là-bas ? Très content d’avoir mieux compris l’humanité et son chemin aujourd’hui. Et surtout heureux d’être chrétien, joyeux d’être franciscain, d’avoir ainsi dans nos cœurs et devant nos yeux un frère véritable : François d’Assise, qui, en suivant son maître Jésus – Fils de Dieu, nous a permis de devenir fils et filles adoptifs du Père Céleste et frères par la vie nouvelle du baptême.       

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